Thème : Trois harpes
1er PRIX
Au bord du lac
Une harpe au bord du lac ;
Beauté classique
De bois noble et luisant, sous le soleil chatoyant,
Doucement m'extirpe de ma lourde torpeur.
Envoûtante et romantique,
La caresse de son aria
Sur mon cœur dépose un baume délicat.
Ô songe idyllique! Ô bonheur vagabond !
Une harpe au bord du lac
S'anime et chante sous tes doigts ;
Amours éphémères, souvenirs éternels...
Ses cordes vibrent et content ;
Poésie des fées, folklores et légendes longtemps oubliés...
Et à l'ombre du bosquet voilé d'une brume mystique,
Nos âmes ensorcelées, ivres de magie et de musique,
Glissent et dansent sur ces notes celtiques.
Une harpe au bord du lac
Se fait écho du monde.
Tantôt baroque, tantôt folk rock ;
De plus belle sa mélodie résonne, rebelle et forte.
Tel l'éclair solitaire fendant le drapé noir de jais,
Elle fend le silence de ma nuit, attise l'étincelle de vie.
Survolté, électrique, mon cœur acclame et palpite :
Ô muse salvatrice !
Des contrées lointaines à l'éther céleste ;
En accord, en arpège,
Ou une seule note à la fois ;
C'est mon nom qu'appellent
Les trois harpes du lac.
Nina - Menton, France
2e PRIX
Cinq poèmes rangés dans l'ordre de réception
Le trio féérique de la clairière
Laissez-moi vous conter cette aventure extraordinaire
Que certains diront tout droit sortie de mon imaginaire
Je me promenais dans cette forêt qui sentait bon le pin maritime
Sans me douter que j'allais y vivre un bouleversement très intime
Tout a commencé par l'apparition d'un son cristallin et féérique
Qui m'a fait penser au chant éthéré d'une créature mystique
M'étais-je envolé dans une de mes habituelles rêveries ?
En marchant, ce serait pour le moins surprenant et inouï.
Porté par cette musique aux sonorités enchanteresses
Je me suis approché d'une clairière où la nature était en liesse
Cette multitude d'oiseaux colorés, que célébraient-ils ?
Et cette foultitude de petits mammifères, qu’honoraient-ils ?
Toujours accompagné de cette musique divine et envoûtante
J'ai découvert des artistes à la virtuosité déconcertante
Trois musiciennes arborant des sourires et un charme hors du commun
Leurs doigts glissant sur leurs splendides harpes avec entrain
Installées dans cet espace à découvert entre les arbres majestueux
Elles pinçaient leurs cordes dans le seul but de nous rendre heureux
Je suis resté sans voix devant leurs instruments étincelants
Qui resplendissaient sous ce soleil printanier éblouissant
Je suis instantanément tombé amoureux de ces trois harpistes
Jamais je n'avais connu une expérience aussi intense qu'avec ces artistes
J'ai eu l'impression de m'envoler comme les notes célestes
De ces trois harpes aux propriétés magiques manifestes
Cet après-midi-là, j'ai fait le serment de ne plus jamais m'éloigner
De ce trio exceptionnel capable de totalement me transfigurer
Je suis devenu leur ami, leur protecteur et leur confident
Et peut-être aussi la voix qui fera découvrir au monde entier leur talent
Vincent Morival - Lesquin, France
Concordantes
Trois harpes se battent en duel.
Chacune revendique une parcelle :
Une oreille, un sourire, des yeux qui se ferment.
Trois harpes se battent en duel.
La harpe électrique ne veut pas de tutelle,
Sa jeunesse endiablée veut sa mélodie reine.
Trois harpes se battent en duel.
La harpe celtique riposte de cet air de celles
Qui ont conquis Bretagne, de Nantes à Rennes.
Trois harpes se battent en duel.
La harpe classique soigne les séquelles,
Convainc ses sœurs d'un son thérapeutique et ferme.
Trois harpes s'accordent entre elles.
Pour une commune partition,
De harpies furieuses à unisson,
Au bord du lac, leurs notes brillent au pluriel.
Mathis Hardouin - Vallières-les-Grandes, France
Trois en une
A quoi rime ma vie ? Quels en sont les contours ?
Leur harmonie fragile suit la course du jour.
Au matin je rejoins mes collègues sans âge.
Je brille par ma douceur, ma voix puissante et sage.
Je joue très bien mon rôle, je connais la musique.
Ma vie professionnelle est tout à fait classique.
Puis vient l’après-midi, c’est l’heure des mamans.
Mon monde se remplit de fées et de dragons,
De folles farandoles, fantaisies oniriques.
Avec mon bel enfant, je vis en terre celtique.
Mais lorsque la nuit vient, l’ambiance change encore.
Au revoir la pudeur, je laisse parler mon corps.
Je vibre, me cambre, pleinement authentique.
Auprès de mon amant, je me sens électrique.
Trois temps pour une valse, trois faces d’une même lune,
Trois harpes s’exprimant, pour n’en former plus qu’une.
Isabelle Charleroy - Grenoble, France
Trio à cordes
De loin la plus ancienne
De l’Égypte déjà reine
Sculptée dans le bois le plus noble
Je fais honneur
Aux plus grands compositeurs
Les doigts courent, effleurent, pincent
Ce doux rideau musical
Quarante-sept cordes à mon arc
Décochent une pluie de flèches
Mon son cristallin, pur et mélodieux
Communique avec les dieux
J'ai moins de cordes
Mais lorsqu'elles vibrent
L'Irlande, l’Écosse, la Bretagne s'élèvent comme une horde
A travers les cordes
Passe la lumière
Les notes s'équilibrent
Chantent mythes et légendes en liesse
Derrière mon paravent
Divine enchanteresse
De loin la plus puissante,
Galvanisante,
Mes notes résonnent,
Fabuleux chant du cygne
Dansent, glissent, s'évanouissent
D'une corde à l'autre,
Électrisent l'âme
Et puis s'enflamment
Séverine Moreschi - La Seyne sur mer, France
Trois harpes sur la mer
Petits voiliers sans voiles, trois harpes sur la mer
Se maintenaient à flot sur la surface étale.
Leur carène précaire, cherchant un pied à terre,
Trébuchait, hoquetait, debout sous le ciel pâle.
Elles inclinaient, fragiles, leur mât tout de guingois,
Espérant une brise et même un pas de danse
Sur un plumet d’écume, et ce vent de suroît
Qui les ferait chanter, gémir, entrer en transe.
Quand elles avaient quitté le quai sous les huées,
Trompettes et saxophones jazzaient sur la jetée.
Leur gueule de poisson-chat les avait surnommées
la Vincible Armada, dérisoire flotille d’antiques mélopées.
Car elles fuyaient, c’est vrai, elles et leur chant grelet,
Un monde où la puissance noyait la pureté,
Oubliant qu’elle était naguère la préférée
Des mortels et des dieux dans le ciel étoilé.
L’une, née de la rivière, sublimait la matière
Dans la lumière de l’eau et du cœur créateur
Où s’écoulaient, limpides, les notes en prière
Sous l’aile du violon, ou de la flûte en fleur.
La deuxième était née d’un nuage irlandais,
De ses humeurs changeantes et son âme mystique.
Elle se sentait parfois un cœur de farfadet
Puisant dans les esprits de la forêt magique.
Leur sœur aimait l’orage, les hurlements du vent,
Tous les rythmes sauvages et les grands coups de sang.
Violente elle se voulait l’amante du gros temps,
Chantait « carpe diem », mordait à belles dents.
Mais le port était loin. Pauvres gréments sans voiles,
Hippocampes sans eau, elles étaient maintenant
Trois bâtons qui griffaient l’océan primordial.
Le silence s’était replié comme un gant.
Du quai on vit soudain, déchirant l’horizon,
La foudre étincelante en forme de trident.
Du ventre de l’abîme s’ouvrit un tourbillon,
Belles lèvres pulpeuses émergeant du néant.
Nos trois sœurs furent aimées, et du mitan du lit
Naquit une musique à détrôner les dieux.
On leur avait donné la clef du Paradis
Et les gueux sur le quai n’en croyaient pas leurs yeux.
Anne-Marie Durand-Jargois - La Chapelle de La Tour, France
POÈME ÉCRIT PAR OLIVIER-GABRIEL HUMBERT POUR LANCER LE CONCOURS 2023
Trois harpistes
Ce sont deux sœurs et un frère harpistes :
La première née joue de la harpe classique sans public :
Très souvent Une châtelaine en sa tour de Fauré,
Bien plus rarement La source de Hasselmans,
Féerie de Tournier ou Légende de Renié,
Et parfois In a landscape de Cage ou du Holliger.
Cette année, elle s’essaie à Nighthawks de Camille Pépin.
Ce sont deux sœurs et un frère harpistes :
Le cadet qui pratique la harpe celtique en amateur
Dans un quintette avec percussions, violon, low whistle
Et claviers jouant de la musique irlandaise
Mâtinée de jazz et d’Amérique du Sud,
Chante également lors de ses concerts.
Ce sont deux sœurs et un frère harpistes :
La benjamine rockeuse travaille la harpe électrique :
Attirée par le métal surtout folk ou symphonique,
Elle a longtemps joué de la guitare basse,
Mais cet instrument l’épanouit bien davantage...
Ce sont deux sœurs et un frère harpistes,
Chaque été, ils se retrouvent dans la demeure familiale,
Avec leur mère, leurs conjoints, leurs enfants et leurs harpes,
Pour interpréter des œuvres écrites ensemble.
Ce sont deux sœurs et un frère harpistes,
Le premier morceau est toujours le même en souvenir du père,
Le dernier est celui composé l’année précédente...
Ce sont deux sœurs et un frère harpistes
Qui ont déjà commencé à se préparer pour fin juillet.
Ce sont deux sœurs et un frère harpistes...
Comments