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Photo du rédacteurOlivier-Gabriel Humbert

Poèmes gagnants du concours de poésie Festiv'harpes 2023

Dernière mise à jour : 27 mars



Thème : Trois harpes



1er PRIX


Au bord du lac


Une harpe au bord du lac ;

Beauté classique

De bois noble et luisant, sous le soleil chatoyant,

Doucement m'extirpe de ma lourde torpeur.

Envoûtante et romantique,

La caresse de son aria

Sur mon cœur dépose un baume délicat.

Ô songe idyllique! Ô bonheur vagabond !


Une harpe au bord du lac

S'anime et chante sous tes doigts ;

Amours éphémères, souvenirs éternels...

Ses cordes vibrent et content ;

Poésie des fées, folklores et légendes longtemps oubliés...

Et à l'ombre du bosquet voilé d'une brume mystique,

Nos âmes ensorcelées, ivres de magie et de musique,

Glissent et dansent sur ces notes celtiques.


Une harpe au bord du lac

Se fait écho du monde.

Tantôt baroque, tantôt folk rock ;

De plus belle sa mélodie résonne, rebelle et forte.

Tel l'éclair solitaire fendant le drapé noir de jais,

Elle fend le silence de ma nuit, attise l'étincelle de vie.

Survolté, électrique, mon cœur acclame et palpite :

Ô muse salvatrice !


Des contrées lointaines à l'éther céleste ;

En accord, en arpège,

Ou une seule note à la fois ;

C'est mon nom qu'appellent

Les trois harpes du lac.



Nina - Menton, France




2e PRIX


Cinq poèmes rangés dans l'ordre de réception



Le trio féérique de la clairière


Laissez-moi vous conter cette aventure extraordinaire

Que certains diront tout droit sortie de mon imaginaire

Je me promenais dans cette forêt qui sentait bon le pin maritime

Sans me douter que j'allais y vivre un bouleversement très intime


Tout a commencé par l'apparition d'un son cristallin et féérique

Qui m'a fait penser au chant éthéré d'une créature mystique

M'étais-je envolé dans une de mes habituelles rêveries ?

En marchant, ce serait pour le moins surprenant et inouï.


Porté par cette musique aux sonorités enchanteresses

Je me suis approché d'une clairière où la nature était en liesse

Cette multitude d'oiseaux colorés, que célébraient-ils ?

Et cette foultitude de petits mammifères, qu’honoraient-ils ?


Toujours accompagné de cette musique divine et envoûtante

J'ai découvert des artistes à la virtuosité déconcertante

Trois musiciennes arborant des sourires et un charme hors du commun

Leurs doigts glissant sur leurs splendides harpes avec entrain


Installées dans cet espace à découvert entre les arbres majestueux

Elles pinçaient leurs cordes dans le seul but de nous rendre heureux

Je suis resté sans voix devant leurs instruments étincelants

Qui resplendissaient sous ce soleil printanier éblouissant


Je suis instantanément tombé amoureux de ces trois harpistes

Jamais je n'avais connu une expérience aussi intense qu'avec ces artistes

J'ai eu l'impression de m'envoler comme les notes célestes

De ces trois harpes aux propriétés magiques manifestes


Cet après-midi-là, j'ai fait le serment de ne plus jamais m'éloigner

De ce trio exceptionnel capable de totalement me transfigurer

Je suis devenu leur ami, leur protecteur et leur confident

Et peut-être aussi la voix qui fera découvrir au monde entier leur talent


Vincent Morival - Lesquin, France




Concordantes


Trois harpes se battent en duel.

Chacune revendique une parcelle :

Une oreille, un sourire, des yeux qui se ferment.


Trois harpes se battent en duel.

La harpe électrique ne veut pas de tutelle,

Sa jeunesse endiablée veut sa mélodie reine.


Trois harpes se battent en duel.

La harpe celtique riposte de cet air de celles

Qui ont conquis Bretagne, de Nantes à Rennes.


Trois harpes se battent en duel.

La harpe classique soigne les séquelles,

Convainc ses sœurs d'un son thérapeutique et ferme.


Trois harpes s'accordent entre elles.

Pour une commune partition,

De harpies furieuses à unisson,

Au bord du lac, leurs notes brillent au pluriel.


Mathis Hardouin - Vallières-les-Grandes, France




Trois en une


A quoi rime ma vie ? Quels en sont les contours ?

Leur harmonie fragile suit la course du jour.


Au matin je rejoins mes collègues sans âge.

Je brille par ma douceur, ma voix puissante et sage.

Je joue très bien mon rôle, je connais la musique.

Ma vie professionnelle est tout à fait classique.


Puis vient l’après-midi, c’est l’heure des mamans.

Mon monde se remplit de fées et de dragons,

De folles farandoles, fantaisies oniriques.

Avec mon bel enfant, je vis en terre celtique.


Mais lorsque la nuit vient, l’ambiance change encore.

Au revoir la pudeur, je laisse parler mon corps.

Je vibre, me cambre, pleinement authentique.

Auprès de mon amant, je me sens électrique.


Trois temps pour une valse, trois faces d’une même lune,

Trois harpes s’exprimant, pour n’en former plus qu’une.


Isabelle Charleroy - Grenoble, France




Trio à cordes


De loin la plus ancienne

De l’Égypte déjà reine

Sculptée dans le bois le plus noble

Je fais honneur

Aux plus grands compositeurs

Les doigts courent, effleurent, pincent

Ce doux rideau musical

Quarante-sept cordes à mon arc

Décochent une pluie de flèches

Mon son cristallin, pur et mélodieux

Communique avec les dieux


J'ai moins de cordes

Mais lorsqu'elles vibrent

L'Irlande, l’Écosse, la Bretagne s'élèvent comme une horde

A travers les cordes

Passe la lumière

Les notes s'équilibrent

Chantent mythes et légendes en liesse

Derrière mon paravent

Divine enchanteresse


De loin la plus puissante,

Galvanisante,

Mes notes résonnent,

Fabuleux chant du cygne

Dansent, glissent, s'évanouissent

D'une corde à l'autre,

Électrisent l'âme

Et puis s'enflamment


Séverine Moreschi - La Seyne sur mer, France




Trois harpes sur la mer


Petits voiliers sans voiles, trois harpes sur la mer

Se maintenaient à flot sur la surface étale.

Leur carène précaire, cherchant un pied à terre,

Trébuchait, hoquetait, debout sous le ciel pâle.


Elles inclinaient, fragiles, leur mât tout de guingois,

Espérant une brise et même un pas de danse

Sur un plumet d’écume, et ce vent de suroît

Qui les ferait chanter, gémir, entrer en transe.


Quand elles avaient quitté le quai sous les huées,

Trompettes et saxophones jazzaient sur la jetée.

Leur gueule de poisson-chat les avait surnommées

la Vincible Armada, dérisoire flotille d’antiques mélopées.


Car elles fuyaient, c’est vrai, elles et leur chant grelet,

Un monde où la puissance noyait la pureté,

Oubliant qu’elle était naguère la préférée

Des mortels et des dieux dans le ciel étoilé.


L’une, née de la rivière, sublimait la matière

Dans la lumière de l’eau et du cœur créateur

Où s’écoulaient, limpides, les notes en prière

Sous l’aile du violon, ou de la flûte en fleur.


La deuxième était née d’un nuage irlandais,

De ses humeurs changeantes et son âme mystique.

Elle se sentait parfois un cœur de farfadet

Puisant dans les esprits de la forêt magique.


Leur sœur aimait l’orage, les hurlements du vent,

Tous les rythmes sauvages et les grands coups de sang.

Violente elle se voulait l’amante du gros temps,

Chantait « carpe diem », mordait à belles dents.


Mais le port était loin. Pauvres gréments sans voiles,

Hippocampes sans eau, elles étaient maintenant

Trois bâtons qui griffaient l’océan primordial.

Le silence s’était replié comme un gant.


Du quai on vit soudain, déchirant l’horizon,

La foudre étincelante en forme de trident.

Du ventre de l’abîme s’ouvrit un tourbillon,

Belles lèvres pulpeuses émergeant du néant.


Nos trois sœurs furent aimées, et du mitan du lit

Naquit une musique à détrôner les dieux.

On leur avait donné la clef du Paradis

Et les gueux sur le quai n’en croyaient pas leurs yeux.


Anne-Marie Durand-Jargois - La Chapelle de La Tour, France






POÈME ÉCRIT PAR OLIVIER-GABRIEL HUMBERT POUR LANCER LE CONCOURS 2023


Trois harpistes


Ce sont deux sœurs et un frère harpistes :


La première née joue de la harpe classique sans public :

Très souvent Une châtelaine en sa tour de Fauré,

Bien plus rarement La source de Hasselmans,

Féerie de Tournier ou Légende de Renié,

Et parfois In a landscape de Cage ou du Holliger.

Cette année, elle s’essaie à Nighthawks de Camille Pépin.


Ce sont deux sœurs et un frère harpistes :


Le cadet qui pratique la harpe celtique en amateur

Dans un quintette avec percussions, violon, low whistle

Et claviers jouant de la musique irlandaise

Mâtinée de jazz et d’Amérique du Sud,

Chante également lors de ses concerts.


Ce sont deux sœurs et un frère harpistes :


La benjamine rockeuse travaille la harpe électrique :

Attirée par le métal surtout folk ou symphonique,

Elle a longtemps joué de la guitare basse,

Mais cet instrument l’épanouit bien davantage...


Ce sont deux sœurs et un frère harpistes,


Chaque été, ils se retrouvent dans la demeure familiale,

Avec leur mère, leurs conjoints, leurs enfants et leurs harpes,

Pour interpréter des œuvres écrites ensemble.


Ce sont deux sœurs et un frère harpistes,


Le premier morceau est toujours le même en souvenir du père,

Le dernier est celui composé l’année précédente...


Ce sont deux sœurs et un frère harpistes


Qui ont déjà commencé à se préparer pour fin juillet.


Ce sont deux sœurs et un frère harpistes...

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