top of page
Rechercher
  • Photo du rédacteurOlivier-Gabriel Humbert

La harpe et la poésie, quelques poèmes classiques

Dernière mise à jour : 23 nov. 2023


La Harpe de Cantiques

Seconde voix du cœur qui pleure, Larme sonore du saint lieu, Poésie, harpe intérieure, Seule langue qui parle à Dieu ! Ce roi de la lyre divine, À qui le Seigneur en fit don, Te pressait contre sa poitrine Pour lui dire, Grâce, ou Pardon ! Ah ! sur tes cordes attendries Toute âme humaine a son accent. La terre fume quand tu pries ; Quand tu chantes, le ciel descend !


Alphonse de Lamartine, harmonies poétiques et religieuses




L'écho de la harpe

Pauvre harpe du barde, au lambris suspendue, Tu dormais, dès longtemps poudreuse et détendue. D'un souffle vagabond la brise de la nuit Sur ta corde muette éveille un léger brait : Telle dort en mon sein cette harpe cachée, Et que seule la Muse a quelquefois touchée. Alors qu'un mot puissant, un songe, un souvenir, Une pensée errante et douce à retenir, L'effleurent en passant d'une aile fugitive, Elle vibre soudain ; et mon âme attentive, Émue à cet accord qui se perd dans les cieux, Garde du son divin l'écho mélodieux.


Sabine Casimire Amable Voïart, dite Amable Tastu




Que n'ai-je encor la harpe thracienne


Que n'ai-je encor la harpe thracienne, Pour réveiller de l'enfer paresseux Ces vieux Césars, et les ombres de ceux Qui ont bâti cette ville ancienne ? Ou que je n'ai celle amphionienne, Pour animer d'un accord plus heureux De ces vieux murs les ossements pierreux, Et restaurer la gloire ausonienne ? Pussé-je au moins d'un pinceau plus agile Sur le patron de quelque grand Virgile De ces palais les portraits façonner : J'entreprendrais, vu l'ardeur qui m'allume, De rebâtir au compas de la plume Ce que les mains ne peuvent maçonner.


Joachim Du Bellay, Sonnet XXV des Antiquités de Rome.




Adieux à la poésie


Allons, ange déchu, ferme ton aile rose ; Ôte ta robe blanche et tes beaux rayons d'or ; Il faut, du haut des cieux où tendait ton essor, Filer comme une étoile, et tomber dans la prose. Il faut que sur le sol ton pied d'oiseau se pose. Marche au lieu de voler : il n'est pas temps encor ; Renferme dans ton coeur l'harmonieux trésor ; Que ta harpe un moment se détende et repose. Ô pauvre enfant du ciel, tu chanterais en vain Ils ne comprendraient pas ton langage divin ; À tes plus doux accords leur oreille est fermée ! Mais, avant de partir, mon bel ange à l'oeil bleu, Va trouver de ma part ma pâle bien-aimée, Et pose sur son front un long baiser d'adieu !




Les larmes de l'ours


Le Roi des Runes vint des collines sauvages. Tandis qu'il écoutait gronder la sombre mer, L'ours rugir, et pleurer le bouleau des rivages, Ses cheveux flamboyaient dans le brouillard amer. Le Skalde immortel dit : - Quelle fureur t'assiège, Ô sombre Mer ? Bouleau pensif du cap brumeux, Pourquoi pleurer ? Vieil Ours vêtu de poil de neige, De l'aube au soir pourquoi te lamenter comme eux ? - Roi des Runes ! lui dit l'Arbre au feuillage blême Qu'un âpre souffle emplit d'un long frissonnement, Jamais, sous le regard du bienheureux qui l'aime, Je n'ai vu rayonner la vierge au col charmant. - Roi des Runes ! jamais, dit la Mer infinie, Mon sein froid n'a connu la splendeur de l'été. J'exhale avec horreur ma plainte d'agonie, Mais joyeuse, au soleil, je n'ai jamais chanté. - Roi des Runes ! dit l'Ours, hérissant ses poils rudes, Lui que ronge la faim, le sinistre chasseur ; Que ne suis-je l'agneau des tièdes solitudes Qui paît l'herbe embaumée et vit plein de douceur ! - Et le Skalde immortel prit sa harpe sonore : Le Chant sacré brisa les neuf sceaux de l'hiver ; L'Arbre frémit, baigné de rosée et d'aurore ; Des rires éclatants coururent sur la Mer. Et le grand Ours charmé se dressa sur ses pattes : L'amour ravit le coeur du monstre aux yeux sanglants, Et, par un double flot de larmes écarlates, Ruissela de tendresse à travers ses poils blancs.





Pour Léon Cladel Linus aux bois de Crète errant parmi les branches Voyait fuir et tourner de vagues formes blanches Qui riaient ; et des pieds nus, dansant sur le thym Et la menthe sauvage, égaraient Théocrite En Sicile. En Bretagne, au temps d'un roi lointain, Viviane, en riant de son rire argentin, Pour captiver un mage évoquait un vieux rite ; Un charme Assyriaque aux savants nombres d'or, Et svelte, demi-nue et d'iris bleus coiffée, Les bras cerclés d'argent, dansait, lascive fée, Sur le rythme endormant des prêtresses d'Endor. En vain pour l'éveiller Arthur sonna du cor, Le vieux barde oublié dort dans Broceliande Et les harpeurs gallois ont gardé la légende.





312 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page